Mettre en place le conseil de famille [1]

Mettre en place le conseil de famille [1]

Jean Le Gal, ancien instituteur spécialisé, universitaire, chercheur et formateur sur la participation démocratique des enfants, nous offre un chapitre de son prochain livre, « mettre en place le conseil de famille », en ces temps où la cellule familiale se retrouve ébranlée par le confinement …
« Afin d’apporter une aide modeste aux familles en difficulté du fait de devoir vivre toute la journée avec leurs enfants, leur apporter une aide scolaire mais aussi élaborer un emploi du temps, réguler la vie sociale, garantir le droit à l’intimité de chaque membre de la communauté familiale… J’ai mis à disposition un chapitre de mon livre en élaboration, (constitué avec la participation de parents), qui sera un guide pour les parents désireux de faire participer leurs enfants activement à la vie familiale. »

Introduction

En ces temps de confinement, où les familles sont souvent réunies pendant toute la journée, et donc confrontées à des problèmes d’organisation, à des perturbations et à des conflits, il me paraît important que les enfants soient impliqués dans les décisions et assument des responsabilités dans la vie familiale.

Dès 1996, le Conseil de l’Europe affirmait que « La participation des enfants à la vie familiale est une façon d’améliorer la qualité de la vie de la famille, basée sur des valeurs démocratiques et les droits fondamentaux de l’homme, et ce au profit de tous les membres de la cellule familiale… Le fait d’écouter les enfants, de traiter les problèmes avec eux, d’accepter leur avis et aussi de leur expliquer pourquoi leurs idées ne sont pas toujours acceptées, constitue un moyen important pour lancer une participation. Celle-ci devrait commencer tôt ». [2]

Le Conseil de famille devrait donc trouver sa place, aujourd’hui encore plus qu’hier dans une organisation démocratique [3] de la communauté familiale.

1 Le conseil, une institution fondamentale

La richesse et la complexité des relations et des activités au sein de la famille nécessitent une organisation sociale réfléchie. Décider de faire participer activement les enfants à la vie familiale implique la mise en place de moments où, ensemble, tous les membres de la famille pourront analyser différents aspects de leur vie commune, confronter leurs points de vue, prendre des décisions et en évaluer l’application. Ces moments peuvent prendre des appellations diverses. Nous avons retenu le terme « Conseil de famille ».

Les témoignages de parents montrent que le Conseil de famille engendre des effets positifs pour la vie familiale et pour une éducation des enfants à l’autonomie :

  • Les échanges, dans un climat de respect mutuel, de calme, de tranquillité, permettent de créer une meilleure ambiance familiale. Chacun se sent entendu, écouté, pris au sérieux.
  • Les enfants, par leur participation aux décisions, avec une voix égale à celle des adultes, prennent progressivement confiance en eux et en leurs capacités à être des membres actifs et responsables de la vie familiale. Ils gagnent en estime de soi.
  • Le fait de savoir qu’un moment de parole existe, où les problèmes pourront être discutés, permet de différer une résolution, parfois violente, des conflits, tant de la part des enfants que de celle des parents. Pouvoir dire tant ce qui va que ce qui ne va pas renforce l’écoute du vécu et des besoins de chacun et facilite la régulation des moments de tension.
  • Le Conseil donne accès à la pratique de la liberté d’expression, de l’écoute, du dialogue, de la concertation, de la consultation, de la négociation, de la prise de décision et de la responsabilité dans son application. Cela constitue, pour les enfants, une éducation active à la citoyenneté. Les adultes prennent conscience qu’on peut laisser la parole aux enfants et les associer aux décisions sans leur donner tout le pouvoir et sans perdre leur autorité. Ils demeurent les garants des principes et des valeurs sur lesquels ils ont créé leur vie familiale. Il leur revient de garantir les droits reconnus à chacun et le respect des décisions prises.

L’importance du respect accordé aux opinions de l’enfant

« Ce n’est qu’en faisant l’expérience du respect accordé à leurs propres opinions et en découvrant l’importance du respect dû à celles des autres que les enfants acquerront la capacité et la volonté d’écouter les autres et de commencer ainsi à comprendre les procédés et les valeurs de la démocratie. C’est en apprenant à discuter et à exprimer leurs points de vue, ainsi qu’en constatant que leurs opinions sont prises en considération, que les enfants acquerront les connaissances et les compétences nécessaires pour développer leur réflexion et exercer leur jugement face aux multiples questions auxquelles ils seront confrontés d’ici l’âge adulte ».

Gerison Lansdown,(2001), Promouvoir la participation des enfants au processus décisionnel démocratique, Florence, Éditions UNICEF, 2001. Disponible sur : http://www.unicef-irc.org/publications/pdf/insight6f.pdf

Mettre en place un conseil de famille constitue souvent, pour les parents comme pour les enfants, une situation nouvelle. Au départ, se réunir doit faire sens pour que chacun s’y retrouve et soit motivé pour y participer de manière active. Le démarrage est donc essentiel.

Cependant son efficacité ne peut être atteinte que progressivement. Elle repose sur l’acquisition, par la pratique, des compétences nécessaires pour s’exprimer, négocier, décider, organiser. L’organisation du Conseil est donc fondamentale mais il n’existe pas de modèle qu’il faudrait reproduire.

Chaque communauté familiale est unique. Elle doit donc créer des institutions qui lui permettront de vivre son expérience démocratique, en tenant compte des personnes qui la composent, des possibilités qui sont les siennes, de ses valeurs, de son histoire, de ses particularités…

Le Conseil de famille prend tout son sens dans le cadre global de la participation active et responsable des enfants au sein d’une famille dans laquelle chaque membre se voit reconnaître des droits et la possibilité de les exercer dans le respect des droits des autres et des exigences de la vie commune.

L’analyse de la gestion des activités et de la vie sociale dans des collectivités (classes, espaces de loisirs…) mettant en œuvre la participation démocratique des enfants nous a conduits à cerner cette participation autour de quatre actions principales – proposer, discuter, décider, appliquer- et de leur évaluation. Chacune des actions génère des questions auxquelles il est nécessaire d’apporter des réponses. Cette grille a été adaptée par les familles.

1. PROPOSER

QUI peut proposer des projets, des activités, des règles, une autre organisation… ?
– les parents seuls ? les enfants seuls ? les parents et les enfants ?

COMMENT ?
– oralement ?
– par écrit, (journal mural, cahier spécial de propositions, boîte à idées, etc.) ?

QUAND ?
– à tout moment ?
– au moment du conseil ?

2. DISCUTER

QUI participe au débat ?
– les parents seuls ? les parents et les enfants ?

QUAND ?
– occasionnellement ?
– chaque semaine ? à quel moment de la semaine ?

COMMENT ?
– quels lieux d’échanges et de décision ont été créés ?
– un conseil de famille ?
– comment se prépare l’ordre du jour ? qui en décide ?
– quelle est l’organisation de la réunion ?
– quelles sont les modalités de prise de parole ?
– qui anime ? un adulte ? un enfant ?
– quelles autres responsabilités ? qui en décide ?

3. DECIDER

QUI peut décider et de quoi ?
– les adultes seuls ? Qu’est-ce qui n’est pas négociable avec les enfants ?
– les enfants seuls ? De quoi les enfants peuvent-ils décider seuls ?
– le collectif enfants-adultes ? Qu’est-ce qui pourra être décidé ensemble ?

COMMENT ?
– quelle procédure de décision ? comment est-elle adoptée ?

4. APPLIQUER

QUI applique les décisions ?
– les adultes seuls ? les enfants seuls ? les adultes et les enfants ?

COMMENT ?
– qui est garant des décisions prises ?
– comment sont mémorisées les décisions ?
– comment sont réparties les responsabilités ?
– qui intervient en cas de non respect des décisions ?
– quelles conséquences pour ceux qui ne respectent pas les décisions ?
– devant qui répondent-ils de leurs actes ?
– qui décide des sanctions éventuelles ?

5. EVALUER

QUI participe à l’évaluation ?
– les adultes seuls ? les enfants et les adultes ?

COMMENT sont organisées les évaluations ?
– quelles démarches ?
– quelles techniques ?
– quels outils ?

QUAND ?
– un conseil extraordinaire ?

2 Le partage du pouvoir de décision entre parents et enfants

2.1 Principes

La loi de 2002 concernant l’autorité parentale stipule que « Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité ».

Les enfants possèdent une somme exclusive d’expériences et de connaissance. Les parents doivent donc leur donner la parole, les écouter, tenir compte de leur avis mais ils n’ont pas pour obligation de leur permettre de participer à toutes les décisions. Il est donc important que la famille s’accorde sur les situations et les tâches qui feront partie d’une décision collective. Les parents restent les garants du cadre de vie et de son adéquation avec la complexité de leur famille. A chacune donc sa forme de démocratie !

Il est évident qu’il revient aux adultes de fixer quelles décisions relèveront de leur seul pouvoir décisionnel, celles qu’ils partageront avec les enfants, en tenant compte de leur degré de maturité et de leur capacité à assumer des responsabilités, et celles que les enfants pourront prendre seuls. Nos observations montrent que les appréciations parentales et familiales dépendent des représentations que les adultes se font des capacités des enfants à émettre des points de vue valables sur ce qu’il y a lieu de décider à propos de leur éducation, de leur bien-être et de leur intérêt à long terme, ou tout simplement à propos de l’organisation de la vie familiale.

Soyez confiants dans la capacité de vos enfants
« Parents, soyez confiants dans la capacité de vos Enfants à prendre leur place et à se construire en tant que « petit d’homme ». Ils ont tout en eux. Il nous suffit à nous Parents de les guider, les aider, les inspirer sans faire à leur place. Et vous verrez, ils vous épateront et s’étonneront eux-mêmes ! »
Claude

Les parents ont le devoir d’exercer une autorité afin de protéger l’enfant dans sa sécurité, sa santé, sa moralité. Ils sont garants des valeurs et des principes éducatifs qu’ils ont choisi de mettre en œuvre. Cependant il est important que l’enfant, pour le développement de son autonomie, puisse exercer des libertés, faire des choix, apprendre à prendre des décisions et à en assumer les conséquences.

Mais avant d’être parents, ils ont été des enfants avec un vécu familial plus ou moins facile. Il peut donc, au sein du couple parental, y avoir confrontation entre deux modèles parentaux.Nos observations montrent que l’élaboration des règles, des limites et des obligations peuvent parfois être source de conflits.

La participation de l’enfant au processus décisionnel génère de nombreuses interrogations auxquelles chaque famille, au départ, apportera ses propres réponses. Au fil de la progression de leur expérience démocratique, de l’analyse des situations vécues et de l’autonomie progressive de chacun des enfants, l’organisation du processus participatif va évoluer. Les institutions doivent rester « vivantes ».

Il est important de ne pas rester seuls. Se retrouver entre parents permet de se ressourcer face à la complexité éducative et humaine qu’est la famille, de prendre de la distance avec son propre vécu, de relativiser ses échecs, d’être fier de ses réussites et de constater que les autres parents ont eux-aussi leurs difficultés.

2.2 Les décisions

Qu’est-ce qui ne sera pas négociable et relèvera de la seule décision des parents ?

L’autorité parentale s’appuie sur un ensemble de droits et d’obligations que les parents ont envers leurs enfants. Ils ont donc la responsabilité de prendre toutes les décisions qui affectent le développement, l’éducation et le bien-être de leurs enfants.

La famille est aussi le lieu de la vie privée des adultes. Ils y prennent des décisions intimes, des décisions professionnelles, des décisions d’ordre économique, des décisions concernant leurs activités et relations sociales. Afin de protéger les enfants, il est essentiel de ne pas aborder certains problèmes avec eux : la vie amoureuse des parents, leurs problèmes de couple…

Cependant, lorsque l’ambiance familiale est perturbée par un évènement, il est parfois nécessaire de les informer avec des mots simples. Poser des mots sur une situation et encourager la fluidité des échanges, des émotions, des ressentis, facilite l’expression de la vie dans sa plus grande diversité, évite le non-dit.

Il est important que les enfants comprennent le bien fondé des exigences des adultes à leur égard, leur obligation de les guider jusqu’à ce qu’ils soient, progressivement, en mesure de se prendre eux-mêmes en main, comme par exemple : leur protection, leur sécurité, leur santé, leur hygiène, leurs sorties, le choix de leurs camarades, l’utilisation des écrans…

Chaque famille a des sujets qui, pour elle, sont trop importants pour être soumis à la discussion. Ils constituent sa culture, son identité : le respect mutuel, les règles de civilité, le droit à une vie privée, l’égalité filles/garçons, les repas en commun…

Qu’est-ce qui sera l’objet d’une décision collective au Conseil de famille ?

Le Conseil occupe une place essentielle. Il est le lieu où la parole de chacun sera entendue à égalité avec celle des autres. Son organisation institutionnelle fera donc l’objet de décisions collectives : comment le préparer ? comment l’animer ? quelles modalités de prise de parole ? quelle procédure de décision ? quels suivis des décisions prises ?

Les décisions susceptibles d’être partagées entre adultes et enfants vont dépendre de la nature et de la portée de chaque décision. Elles peuvent concerner les activités quotidiennes de la vie familiale, les évènements, les projets collectifs et individuels, les relations humaines et sociales, l’exercice des droits et libertés, les règles de vie, la définition et les modalités d’application des sanctions en cas de transgression, les conflits, la résolution des problèmes, …

Liste de décisions collectives relevées auprès des familles.

• les repas : prendre le repas ensemble ; ne pas se lever trop souvent ; ne pas utiliser son téléphone ; définir les menus de la semaine, participer aux tâches nécessaires…
• la répartition des tâches : vaisselle, table, repas, rangement, chambre, linge, espace commun…
• l’hygiène : se laver les mains avant le repas ; se brosser les dents ; mettre des chaussons en rentrant…
• la définition et le respect de l’espace personnel. l’utilisation des écrans : ordinateur, télévision, téléphones portables…
• les règles de vie : leur affichage et les conséquences des transgressions.
• les droits des adultes et des enfants.
• les temps pour être ensemble : le dîner, le conseil de famille, les activités de loisirs…
• les activités en autonomie dans et hors du domicile familial.
• l’organisation des vacances ou du temps libre de la famille.
• le droit de chacun de choisir des activités dans et hors du lieu de vie familial

De quoi un enfant pourra-t-il décider seul ?

Pour que l’enfant, dès le plus jeune âge, puisse développer son autonomie, il est nécessaire qu’il puisse prendre ses propres décisions, agir par lui-même, faire des choix et en assumer la responsabilité. Les règles et les obligations à respecter constituent le cadre sécurisant dans lequel il pourra s’engager dans des initiatives, prendre des risques. Il est important d’être attentif à son évolution, de connaître les domaines où son autonomie se développe plus rapidement, d’accompagner ses tâtonnements, d’accepter ses erreurs. Il est évident que plus l’enfant sera autonome, plus il devra pouvoir exercer son pouvoir personnel de décision dans des domaines de plus en plus étendus. Ce qui ne manque pas de poser des problèmes quand la fratrie est composée d’enfants d’âges très différents.

Voici à titre indicatif quelques choix communiqués par des familles

Ages :
3 à 5 ans.
Droits :
– Choix d’activités en dehors de l’école et pendant les vacances.
– Choix du jour du shampoing.
– Choix de leurs habits quand on reste en famille.
– Acheter ce qu’il veut avec son argent de poche.
– Choix d’un lapin.
Obligations :
– Shampoing obligatoire une fois par semaine.
– Condition : que cela ne le mette pas en danger.
– Acheter avec son argent de poche et obligation de le nourrir tous les jours

Ages :
6 à 7 ans.
Droits :
– Choix de l’heure à laquelle faire ses devoirs scolaires, le week-end.
– Choix de ses activités en dehors de l’école.
– Choix des jours pour mettre la table.
– Droit d’avoir sa propre chambre et de la décorer.
Obligations :
– Obligation de participation : 2 fois par semaine.
– Obligation de la tenir propre et rangée

Ages :
8 à 11 ans.
Droits :
– Droit d’inviter des camarades à la maison (jouer – manger- dormir).
– Choix du thème de son anniversaire avec ses camarades.
– Choix de ses vêtements.
– Droit de rentrer et d’aller à des activités de gymnastique, seul, en bus.
– Droit de choisir son instrument de musique.
Obligations :
– Participer à l’organisation et assumer la responsabilité de la bonne conduite de ses camarades.
– Respecter les règles posées par les parents.
– Engagement de suivre avec attention et persévérance l’atelier

Ages :
12 à 14 ans.
Droits :
– Pouvoir préparer un repas seul-e pour la famille en choisissant le menu.
– Faire respecter l’intimité de sa chambre.
– Obligation de frapper avant d’entrer.
– Organisation de son anniversaire avec des camarades, hors de la maison.
– Droit d’avoir un téléphone portable.
Obligations :
– Respecter l’intimité des autres membres de la famille.
– Respecter les conditions posées par les parents.
– Respecter les limites posées par les parents

Ages :
15-17 ans.
Droits :
– Changer de filière dans ses études.
– Partir en vacances, au bord de la mer, uniquement avec 4 de ses amis.
Obligations :
– Obtenir l’approbation des parents.
– Respecter les règles de sécurité décidées ensemble. Assumer l’organisation

La procédure de décision

Comment allons-nous décider ensemble ? Il est important que lors d’une première décision, la question soit posée. Les adultes peuvent alors présenter différentes possibilités, dont le consensus et le vote.

La procédure de décision peut évoluer
« Au début de notre expérience, nous votions. La majorité l’emportait. Puis nous sommes venus progressivement à préférer le consensus. C’est plus long mais tellement plus satisfaisant si chacun trouve sa place dans la décision.»
Claire

Si la recherche du consensus est retenue, lorsqu’une proposition est émise, les remarques, les objections, les demandes de précision, les amendements sont écoutés et pris en compte. Parents et enfants essaient de trouver ensemble une décision qui va permettre à chacun d’être partant pour sa mise en œuvre. On passe alors au consentement : « personne n’est contre ? La décision est prise. »

Parfois, lorsqu’il n’est pas possible d’arriver à un consensus, un vote exceptionnel a lieu.
Dans ce cas, il est nécessaire d’en préciser les modalités :
– chaque membre disposera-t-il d’une voix ?
– les voix des adultes et celles des enfants seront-elles à égalité ?
– les adultes disposeront-ils du pouvoir de refuser des décisions qui remettent en cause les valeurs, l’autorité parentale, les droits et la dignité des personnes, dont ils sont les garants ?
– les enfants auront-ils un droit de veto ?

Dans quelques familles, la procédure change selon les décisions à prendre.

2.3 Démarrer le conseil

Les expériences de fonctionnement familial marqué par des espaces de partage de paroles et de décisions ne sont pas nouvelles. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, ils sont davantage consultés et associés aux décisions familiales. Cependant cette participation démocratique demeure encore souvent, aujourd’hui, très peu mise en œuvre. Les difficultés de la vie familiale peuvent freiner ou bloquer l’initiative, souvent prise par un des adultes de la famille.

Se réunir pour décider ensemble doit avoir du sens pour tous les membres de la famille. C’est souvent un des parents qui en prend l’initiative. Il doit alors parfois convaincre son conjoint ou sa conjointe qu’associer les enfants aux décisions sera bénéfique pour le bien-être de tous, augmentera le plaisir d’agir ensemble, permettra de mieux résoudre les problèmes, engagera un processus éducatif favorable à l’engagement des enfants dans la vie sociale.

Un espace-temps qui fait sens
« Ce qui a fait sens, partager avec mes filles un espace-temps riche, créatif et participatif.Mettre un repère hebdo nous permettant de parler, d’échanger, de faciliter l’expression et de construire notre vie de famille ensemble. Valoriser mes filles en leur donnant l’opportunité de prendre des responsabilités, de prendre leur place, de s’affirmer. Les aider aussi à écouter l’autre, à choisir un moment l’affirmation de son envie et à un autre à accepter celui de sa sœur et/ou de son père, leur donner l’expérience du compromis, de la frustration. »
Claude

Nos observations montrent que si les enfants ont déjà expérimenté cette pratique à l’école ou dans un espace de loisirs, ils acceptent avec grand intérêt cette institution participative. Il arrive que d’autres, dans un premier temps, la refusent parce qu’ils ne lui donnent aucun sens.Une question alors se pose : comment faire pour que le Conseil soit perçu, par eux, comme un lieu important où ils auront la possibilité réelle d’influer directement sur leurs conditions de vie et d’activités ?

Au départ, c’est souvent un projet collectif motivant, dont la réussite nécessite l’échange, la solidarité, la coopération et la participation de tous, qui est l’occasion de proposer une première réunion. La joie de réussir ensemble une action importante peut constituer un vécu collectif stimulant qui ouvre la voie à des réunions ultérieures qui vont peu à peu se structurer et devenir un « conseil de famille ».

Parfois le démarrage est difficile. Il faut alors de la persévérance pour trouver une « entrée en Conseil ». Confrontée aux nombreuses sollicitations de ses enfants, une maman a eu l’idée de mettre, dans la cuisine, un petit tableau où chacun peut venir inscrire ses envies et idées de sorties. Au milieu du mois en cours, ils se réunissent. Ils choisissent les idées réalisables et les programment. Elles sont notées dans un calendrier à l’aide de petits autocollants. Les enfants ont adhéré totalement à cette initiative et c’est un grand soulagement pour leur mère car, dès qu’ils ont une idée et qu’ils la sollicitent, elle les invite maintenant à la noter sur le tableau.

Progressivement les enfants prennent conscience de l’intérêt de pouvoir être des acteurs reconnus de la vie familiale et les auteurs de projets qui leur tiennent à cœur : se documenter pour élaborer une proposition, argumenter pour la faire accepter, assumer des responsabilités dans sa mise en œuvre. Pour que le Conseil devienne réellement le leur, ils doivent pouvoir assumer un rôle dans sa préparation, son fonctionnement : animateur, secrétaire, gardien du temps…

Cependant, mobiliser du temps et de la réflexion demande un effort. Donc ce moment doit être convivial, source de plaisir. Il est important de lui donner un côté festif.

2.4 Quelques conditions de la réussite

Les expériences sont toutes particulières, nous pouvons cependant dégager quelques conditions favorables à la réussite du Conseil autour de facteurs importants :

La parole

Le Conseil doit être un espace de libre parole. Tous les enfants, quels que soient leurs âges, doivent pouvoir participer à l’échange. Mais pour qu’ils osent s’approprier la parole, exprimer leurs besoins, leurs désirs, leurs intérêts, leurs propositions, leurs critiques, s’opposer éventuellement à un argument des adultes, défendre leurs droits, il faut que la confiance règne au sein du groupe et que la parole de chacun soit respectée, entendue, prise au sérieux. Il est donc important de décider ensemble des règles qui fixent les modalités d’exercice du droit à la parole, les limites, les obligations et les conséquences de leur non-respect.

Les adultes ayant un devoir d’exemplarité doivent respecter les règles communes. Cette obligation démocratique les met en situation d’être le plus cohérents possible. « Respecter ce qui a été décidé ». Il leur est difficile parfois d’y arriver totalement.

Des règles qui libèrent la parole
« Dans un premier temps, pour que chacun puisse exercer son droit à la parole, en toute liberté, nous avons élaboré les règles suivantes :. Pour s’exprimer, on lève la main. On ne coupe pas la parole et on attend que la personne ait terminé.. On met un avertissement si on ne respecte pas les autres, leur temps de parole et toutes les règles mises en place et acceptées par tous. Après deux avertissements, la personne concernée ne pourra pas intervenir durant la séance de Conseil concernée. Cette conséquence n’a jamais été appliquée. »
Claude

L’animation du conseil

L’animation est importante car le conseil doit être efficace pour être crédible.Conduire un débat, solliciter des avis, reformuler les propositions, rechercher une solution, nécessite des compétences qui ne peuvent s’acquérir que progressivement.

Au départ, un adulte peut donc assumer cette fonction et, éventuellement, mettre en place un rituel d’animation :
– le conseil commence
– la parole est à…
– qui a des questions, des propositions…
– on décide

Il est important que les enfants, même les plus jeunes, aient la possibilité d’assumer la fonction d’animateur. Les parents, en tenant compte de leurs capacités évolutives, tout en respectant leur tâtonnement, doivent leur apporter un soutien dans cet exercice difficile. C’est par la pratique qu’ils vont acquérir, progressivement, l’assurance et les compétences nécessaires pour participer, de façon responsable, au processus décisionnel.

Les enfants peuvent animer le conseil
« Pour le Conseil de famille, à chaque réunion nous procédons à l’élection d’un président du Conseil. Au début de notre expérimentation, nos enfants avaient 3, 6 et 9 ans, et c’étaient surtout les deux petites qui se montraient intéressées à la charge du président. On a laissé celle de 6 ans gérer l’affaire toute seule, avec un peu d’aide. Mais pour celle de 3 ans, on lui a laissé la présidence ensemble avec un autre membre de la famille. Au début la toute petite voyait déjà une certaine importance de ce Conseil et du droit à la parole. Elle était fière d’y apporter quelque chose, même qu’au début, c’étaient surtout des paroles comme son appréciation sur le pull-over de sa grande sœur mais maintenant, à l’âge de 4 ans, elle préside le Conseil sans aucun problème. Elle respecte les règles et veille à ce que les autres les respectent aussi. Et elle n’a pas peur de blâmer une personne qui, par exemple, ne respecte pas le droit de parole.Elle est très concentrée, fait attention à chaque personne qui demande son droit de parole. Nous faisons cela par le signe d’une main levée. Elle suit la discussion et, en même temps, elle est capable de gérer le tour, c’est-à-dire de voir qui avait sa main en l’air le premier, et qui pas du tout, comme dimanche passé, où elle n’hésitait pas à interrompre son papa pour lui dire : « Ah non, Papa, tu n’avais pas montré ta main, ce n’est pas à toi de parler. C’est le tour à ma sœur Ella.»
Caroline et Mike

Le moment et le lieu du Conseil

Le Conseil doit se composer de tous les membres de la famille. Ce moment privilégié est donc organisé en fonction de la disponibilité et des capacités de participation de chacun. Les enfants très jeunes ont souvent du mal à écouter et à rester tranquilles. La durée du Conseil sera donc adaptée aux capacités d’attention des enfants.

Les réunions peuvent demeurer occasionnelles et n’avoir lieu que lorsque cela est nécessaire pour parler ensemble d’une situation et/ou pour décider ensemble. Elles demeurent alors une simple possibilité de la vie familiale.

Cependant, souvent les familles optent pour une réunion régulière. Elle peut avoir lieu à un moment donné, à des fréquences diverses : chaque semaine, tous les quinze jours, une fois par mois….Lorsque le conseil a lieu chaque semaine, à jour fixe, il devient un repère hebdomadaire, un moment attendu. Chacun sait que ce temps réservé dans la vie familiale ouvre un espace de parole et de décision. Au fil des réunions, il permet la création d’outils, de techniques, de rituels qui viennent enrichir la « culture familiale » : règles de respect mutuel, ouverture d’un « cahier de doléances », liste des droits et des obligations, tableau de répartition des tâches, etc.

Le lieu où se tiendra le conseil doit être agréable, convivial et faciliter une libre parole. Il peut être décidé avec les enfants : à table après le déjeuner dominical, dans la chambre des parents, assis sur une couette par terre, dans une salle avec peu de jouets, etc…
Le Conseil peut être festif, doté par exemple d’un partage de jus de fruit en cours ou en fin de Conseil, parfois organisé autour d’un repas au restaurant pour que tous soient plus disponibles et plus présents.

En plus des conseils ordinaires, des parents proposent des conseils exceptionnels, afin de consacrer un temps à un problème particulier : revoir les règles de la famille, recenser tous les besoins de chacun, réguler un grave conflit….

Le fonctionnement du conseil

1 Avant le conseil

Chaque enfant et adulte doit avoir la possibilité d’émettre librement des propositions concernant un projet collectif ou personnel, une situation qui lui a posé problème, la modification d’une règle, un changement de responsabilité…

Une critique accompagnée d’une proposition sera mieux entendue. « Je critique, donc je propose » peut devenir un principe. Le recours au Conseil, cette temporisation, contribue souvent à éviter de traiter « à chaud » des questions passionnelles, conflictuelles, et ainsi à apaiser nombre de tensions de la vie quotidienne.

Il est important aussi que chacun exprime ce qui lui a fait plaisir. Dire du bien les uns des autres, féliciter ou remercier, renforcent les liens affectifs et contribuent à améliorer le mieux-vivre ensemble.

Les petits, qui ne peuvent pas encore écrire comme les grands, vont demander l’aide d’un « grand » qui fait l’inscription, avec indication du jour et en appliquant les mots du petit. Le petit met son nom sous l’’inscription.

Des outils divers peuvent être proposés : une affiche, la boîte à idées, les billets de mécontentement, de félicitations, de propositions, le cahier ou le livre du conseil…Il est important que les enfants participent à la recherche des outils qui seront les plus adaptés et des conditions de leur utilisation.

La boîte à billets
« On peut faire des billets de mécontentement, de félicitations et de propositions. On les met dans une boîte placée dans la cuisine. Lors du conseil de famille on les lit et on en discute. Après on les colle à l’intérieur du cahier avec ce qui a été dit ou décidé. La lecture de ces billets ont amené des échanges riches ; les félicitations ont été appréciées et les critiques écoutée. »
Cécile

Affiche murale transmise avec l’accord du Conseil de famille
———

Je critique
Suzanne appelle « maman », « papa » depuis son lit. Elle me réveille. Joseph
Je questionne


Je propose
Je propose de faire attention aux œuvres de chacun ( cabane, construction, plantes) Augustin
Je félicite

Je félicite Suzanne qui ne m’embête plus avec ses légos. Joseph
———

Je critique
Je critique le manque de politesse des trois enfants. Maman
Je questionne

Je propose
Je propose de faire des câlins à Lucie et lui faire voir des fleurs. Suzanne
Je félicite

Je félicite papa et maman d’avoir rangé la maison. Augustin
———

Je critique
Je rappelle la règle : se laver les mains avant de passer à table. Papa
Je questionne

Je propose
Je propose que ceux qui jouent au foot s’arrêtent de jouer quand quelqu’un traverse la terrasse. Joseph
Je félicite
Je félicite Augustin pour sa rapidité d’exécution, (mettre la table ; se mettre en pyjama…). Maman
———

Je critique

Je questionne

Je propose
Je propose qu’on fasse des propositions de menus pour la semaine. Augustin
Je félicite
Je félicite Joseph pour sa grande marche à pied. Maman
———

2 Le déroulement du conseil

Il n’existe pas de schéma-type de déroulement d’un conseil. Chaque famille va donc l’organiser en tenant compte des sujets proposés par tous les membres de la famille, des situations imprévues relevant de la concertation familiale et des capacités de participation de chaque enfant. L’ordre du jour peut être décidé avant ou au début de la réunion.

La répartition des responsabilités

Lorsque la séance est hebdomadaire, elle débute généralement par le choix des responsables : l’animateur, le secrétaire, le gardien du temps…Chacun ayant le droit d’assumer une responsabilité, elles sont souvent tournantes.

L’Animateur facilite la prise de paroles la fluidité des échanges, le respect des règles…C’est très formateur pour chacun de devoir s’affirmer, prendre sa place et jouer un rôle d’autorité !
Le secrétaire permet de créer une forme de bibliothèque de nos échanges familiaux sur lesquels on peut s’appuyer pour revenir sur des engagements pris par les uns ou les autres.
Le Maître du temps gère la complexité de l’ordre du jour et du respect du temps disponible.
Claude

Le déroulement du Conseil

Après la répartition des responsabilités, les règles du Conseil sont parfois rappelées : le respect des personnes et de leurs paroles, les modalités retenues pour des échanges positifs : chacun s’exprime sans être interrompu ; pas de cris ni de moqueries. Quand il a terminé, le débat peut commencer.

Le Conseil peut commencer par un temps consacré à la semaine passée : ce qui a été bien ou mal vécu concernant l’organisation du quotidien, le bilan des projets collectifs et des engagements personnels dans ou hors de la maison, l’avancement des décisions prises…Ensuite les interventions se font généralement sur les thèmes proposés par les parents et les enfants.

Passer de la discussion à une décision et à sa mise en œuvre est parfois complexe. Chacun doit comprendre la situation, suivre le débat, être réceptif aux arguments des autres, envisager les implications de son choix. La « part des adultes » est un facteur important dans la réussite, mais elle est difficile à apprécier. Elle exige beaucoup d’attention pour respecter les tâtonnements nécessaires des enfants tout en évitant les échecs démotivants.

La part des adultes
Durant le Conseil, je fais en sorte que chacun soit acteur par rapport aux décisions prises : qui va faire quoi ? Comment ? Quand ? Je ne souhaite pas avoir la charge seule de bien accompagner la bonne réalisation de ce qui a été décidé ensemble.
Stéphanie

En toute fin du Conseil, il est important de prendre le temps de rappeler les décisions prises, les problèmes soulevés, les solutions trouvées ensemble et les engagements de chacun. Afin d’améliorer le fonctionnement du Conseil, il est important aussi que chacun puisse dire comment il a vécu les échanges. Les propositions de changement seront inscrites à l’ordre du jour du prochain Conseil. « Animer le Conseil, ce n’est pas facile » disent parfois les enfants. Analyser comment l’animateur, adulte ou enfant, a mené sa fonction, va l’aider à progresser.

Un Conseil favorable au climat familial
« Depuis cinq ans, nous avons introduit les Conseils en famille selon la pédagogie Freinet. Chacun inscrit son ordre du jour, dans l’une des colonnes : « Je propose », « Je désire », « Je félicite », « Je critique ».
Selon les évènements, la séance est hebdomadaire, bimensuelle, mensuelle… Elle dure une demi-heure, souvent après le déjeuner dominical, et forme un espace de parole où chacun peut s’exprimer.
Nous, parents, à la fois participants et garants du cadre, nous avons appris à mieux écouter nos enfants et à considérer ce qu’ils disent. Cela permet de construire ensemble des projets, des règles de vie communes … qui sont mieux observées.
La règle n’est plus une entrave à la relation, elle dissocie affectif et autorité. Certaines situations se décrispent, et le climat familial s’en ressent.
Féliciter « papa d’avoir pris le temps de m’emmener à la piscine », ou « les enfants d’avoir gardé leur bonne humeur alors qu’on a changé de programme » … Nous n’avions pas l’habitude de dire ainsi du bien les uns des autres. Cet outil nous aide et nous nourrit.Autre outil : un cahier de critiques qui permet à chacun d’exprimer sa colère par écrit. Un bon exutoire !
Pendant les vacances, nous avons aussi des « cercles de parole ». Un bâton passe de main en main ; celui qui le tient dit comment il se sent, comment il a vécu la journée, et ce qu’il a envie de faire le lendemain. »

Ghislaine et Fabrice

3 Après le Conseil

Les décisions sont souvent inscrites, par le secrétaire, sur le Cahier du conseil afin que chacun s’en souvienne et ait la possibilité de s’y référer en cas de conflit concernant une règle, un engagement, une responsabilité acceptée…

Les règles sont affichées dans les lieux concernés. Les projets, avec les responsabilités choisies par chacun, sont présentés sur un tableau des projets. Ici encore, chaque famille fait preuve de créativité dans le choix des outils de références.

Participer au processus décisionnel au sein de la famille et apprendre à se conformer aux décisions, sont, pour les enfants, des éléments importants de leur éducation sociale et citoyenne.

En conclusion

Associer les enfants aux nombreuses décisions nécessaires à le construction et au fonctionnement d’une communauté familiale agréable, enrichissante et respectueuse des besoins de tous, est pour eux une expérience humaine, sociale et citoyenne, qui va les marquer profondément comme en témoigne une jeune femme qui, avec son père et sa sœur, ont vécu, pendant plusieurs années, le Conseil de famille

Le Conseil, un apprentissage de la vie
« Le conseil de famille est aussi et avant tout une manière de renforcer les liens parents-enfants et de mieux se connaître, se respecter, s’écouter. C’est aussi l’apprentissage de la vie en collectif : exister tout en laissant l’autre exister. Quand on est enfant, il permet de se rendre compte que la colère n’est pas la solution. Après une phase de colère, pouvoir calmement poser des mots est très constructeur.

Au départ, il fallait que le Conseil soit ludique pour nous donner envie d’y participer. Je trouve qu’il est nécessaire qu’il reste léger, convivial, tout en gardant son importance.

J’ai aussi apprécié qu’il se tienne dans la salle commune qui constituait un terrain neutre si l’on peut dire.

J’aimais bien animer le Conseil et participer à l’ordre du jour. On avait trois rôles : animateur, rédacteur ( par écrit) maître du temps et du service du jus d’orange ( le petit plaisir à la fin du Conseil ). Le fait de devoir rédiger, prendre des notes assez rapidement m’a servi par la suite. Animer m’a permis d’être à l’aise pour prendre la parole en groupe.

Les premiers conseils de famille étaient plus courts, pour maintenir notre attention et notre intérêt. En effet à 7-9 ans il est plus dur de rester concentré sur un Conseil qu’a 12 !

Plus on a grandi et plus on s’y est investies. On prenait plus la parole, plus de décisions. C’est sûr que parfois on aurait aimé décider certaines choses. Mais parfois c’est à l’adulte de trancher et à nous aussi d’apprendre la frustration, l’acceptation.

Au départ, les règles de vie et les tâches ménagères ont été le plus compliquées à vivre. Mais, finalement, quand on doit soi-même gérer son espace de vie, par exemple sa chambre, on désire que ce soit sain et propre. Ce n’est plus une contrainte, on finit par s’y mettre avec plus d’envie.

Je remercie Papa et ma soeur pour ces beaux moments, et si aujourd’hui l’on est très complices et que l’on s’aime tous beaucoup, le Conseil y a participé. »

Jean Le Gal

Jean Le Gal

[1] Texte à paraître dans un Guide pour une démocratie familiale
[2] Conseil de l’Europe, La participation des enfants à la vie familiale et sociale, Document CDSP CP (96) 10.
[3] Pour plus d’information : JESU Frédéric, LE GAL Jean, Démocratiser les relations éducatives. La participation des enfants et des parents aux décisions familiales et collectives, Chronique sociale, novembre 2015.